Bande dessinée: Beaute
Beauté est une bande dessinée par Kerascoët et Hubert, parue aux éditions DUPUIS en trois tomes. C'est une BD dont le dessin de couverture donne bien le ton du graphisme de l'ouvrage - un plus indéniable pour moi. J'aime l’honnêteté. Voici les trois couvertures:
Cette série possède certaines qualités indéniables: Honnêteté, romantisme, réalisme, cruauté. Et c'est clair que les auteurs n'y vont pas par quatre chemins: C'est l'histoire de Morue, une fille qui pue le poisson et qui est la mocheté du village. Et tout le monde le lui fait bien sentir. Sa vie est terrible - horrible. Tout ceux qui ont été l'objet de moqueries quand ils étaient petits se reconnaîtront dès les premières planches. Mais ce qui devrait s'arrêter à l'arrivée à l'âge adulte continue pour elle. Bref, triste. Très.
Et puis comme dans un conte de Disney, ses larmes de compassion pour un crapaud réveille une bonne fée. N'y voyez pas un signe de dérive vers le conte stupido-crétin, c'est le seul clin d’œil à la sous-littérature enfantine. Elle a donc droit à un vœu. Que peut bien vouloir Morue? C'est évident, et c'est même dans le titre: la Beauté.
Là, je marque une pause pour une petite citation de culture moderne, par Chris Daughtry, chanteur de son état, dans son titre Home:
Be careful what you wish for 'cause you just might get it all
You just might get it all and then some you don't want
Be careful what you wish for 'cause you just might get it all
You just might get it all, yeah
La bonne fée est très contente d'être libérée après avoir passé quelques siècles comme un crapaud. Vraiment très contente. Elle ne se contente donc pas de rendre Morue belle, mais elle en fait la plus belle de toutes les femmes du monde. Paf. Comme ça.
Morue va vite se rendre compte que ça fait beaucoup à porter. En passant par les hommes de son village, le seigneur du coin, le roi, les autres rois, etc. Tout homme qui la voit devient fou d'elle - au premier sens du mot fou. Et la jeune femme gentille et pleine de cœur mais sans réelle éducation se retrouve propulsée aux sommets à une vitesse foudroyante, et au centre de toutes les attentions. Et tout cela avec un réalisme presque dérangeant: on est dans un conte fantastique, mais toutes les situations semblent plausibles, on a déjà vu des incarnations de tout ça en cours d'histoire, on y croit.
Bon, je n'en dis pas plus sinon je vais vous pourrir la lecture. Juste un mot sur la fin: oui, il y a une fin. Une vraie, pas un machin en queue de poisson qui nous laisse sur notre faim.
Bref, voilà une lecture de la société décalée, vue par la vie d'une femme pauvre et moche propulsée au rang de riche et belle un peu trop vite. Acerbe, tranchant, triste et gai. Voilà les adjectifs qu'il me reste. J'avoue pas avoir lu grand chose des deux auteurs, mais là, je vais creuser le sujet, parce que pour pouvoir produire une BD de ce calibre, le reste de leur production ne peut être que digne d'attention.
A lire. Absolument.
Graphismes | |
Scénario | |
Ambiance, rendu | |
Total | |
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1: A éviter, 2: Bof, 3: Pas mal, 4: Super, 5: A lire! |